Bienvenue sur cet espace de partage de mes créations : scénographies pour le théâtre, festivals, danse, des croquis et autres projets plastiques.
A travers ces images, vous pourrez voir mon travail à travers les années, du design à la scénographie, de mes études jusqu'à ma pratique professionnelle aujourd'hui.
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Une parole unique, 26 328 mots pour se délivrer coûte que coûte d’une existence terrestre faite de contraintes : voici l’Eurydice d’Elfriede Jelinek, s’abandonnant délibérément à sa mort et se retournant contre son mythe. Les Enfers sont les siens ; elle y organise sa propre disparition et Orphée, tiède chanteur à groupies dont le nom n’est jamais prononcé, n’y a pas sa place. Ici elle n’est plus l’objet du deuil du chanteur ou de son désir. Ici elle n’est plus rien, « ombre parmi les ombres » elle se dilue, se confond dans le rien et se dissimule pour échapper à sa propre existence et à un chanteur bien décidé à ne pas renoncer à celle qu’il croyait posséder. La dernière demeure d’Eurydice devient le terrain d’un jeu, celui de la confrontation de la matière et de l’ombre, et cette dernière ne se trouve que par élimination de tout ce qu’elle n’est pas : un corps, un objet, une substance, la conscience… Semblable à un vêtement enveloppant, dans lequel s’enrouler ou se donner une forme nouvelle, l’ombre chez Jelinek s’enfile jusqu’à brouiller définitivement les lignes distinguant l’habit de qui le porte. Le rapport à la mode, décliné à chaque étape du voyage d’Eurydice nous a poussé à explorer les potentialités d’un décor tout en tissus, rêvant la descente aux Enfers comme une plongée dans la penderie de celle qui, prête à mourir pour ses habits, se mêlera bientôt au tapis entrelacé des ombres. Interprétée par trois comédiennes qui incarnent simultanément son moi confus et indéterminé, Eurydice s’achemine vers sa transformation en ombre immatérielle, à mesure qu’elle renonce à son corps. Le spectacle tente alors de développer la représentation de ces corps désincarnés, immatériels et entremêlés que représentent les ombres en opposition avec ceux des Suppliciés, travailleurs des Enfers encore prisonniers de la chair. Accompagner Eurydice dans son voyage psychique où la descente aux Enfers se superpose à l’engouffrement dans l’inconscient du personnage, telle est l’expérience sensorielle que nous avons tenté de mettre en œuvre dans cette présentation étape de notre travail.
Jeu : Julie Borgel, Eloise de Nayer, Léa Romoli, Antoine Dumaine-Martet, Lucie Morel, Lily Ma
Mise en scène : Adriane Breznay, Yann Guewen-Basset, Lucie Morel
Scénographie : Andréa Warzee
Costumes : Salomé Romano
Création lumière et sonore : Timothée Maison